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Le cynorhodon
29 juillet 2012

Le mal des transports

Vous connaissez déjà le mâle des transports, le routier sympa qui déboite juste devant vous sur l'autoroute en manquant à chaque fois (ou presque, heureusement) de vous coincer contre les glissières de sécurité. Vous connaissez aussi le mal des transports qui se traduit par un « papa, arrête toi vite !» et qui finit en général dans une forte odeur de lait tourné suivi d'une longue séance de nettoyage des sièges de votre berline toute neuve.

Mais connaissez_vous le mal des transports, celui qui est une caractéristique de notre siècle et de notre civilisation, celui qui nous pousse à nous déplacer en permanence? Je me suis déjà exprimé sur mon inquiétude par rapport à cette boulimie de voyage qui nous amène à produire une quantité de CO2 qui ne peut plus être totalement ré-absorbée par les plantes ou les océans. Par ailleurs, qui n'a pas remarqué le nombre de camions qui encombrent nos routes de France, nœud de communication européen, et qui sont à l'origine, il ne faut pas l'oublier de 13% des morts sur la route.

Pourquoi en sommes nous arrivés là? Il y a deux causes majeures à l'utilisation effrénée des transports: celle liée à notre vie professionnelle et celle liée à notre vie privée.

Dans le cadre professionnel ou économique, nous avons d'abord recours aux transports pour nous déplacer vers notre lieu de travail. Je pense que cela doit représenter une partie importante des frais de transport mais je n'ai pas les chiffres. Nous en sommes arrivés là à cause de la pression immobilière qui a entrainé une délocalisation hors des villes des usines et un exode des populations vers des lieux où le logement présente un prix attractif. L'association des deux engendre de longues files de voitures chaque matin et chaque soir dans nos métropoles. Existe-t-il une solution? On pourrait imaginer de rapprocher les sites économiques des sites d'habitation mais cela engendrerait une spéculation immobilière. Ou alors un développement des transports en commun qu'ils soient publics (bus, métro) ou privés (co-voiturage). Je crois plus à ces dernières solutions. Restent les déplacements professionnels. Pour ceux-là, les solutions existent déjà: visioconférence, téléconférence en réservant les voyages aux situations exceptionnelles et en limitant le nombre de participants.

La seconde cause économique est le libre échange et la mondialisation. Nous avons tendance à acheter le moins cher possible et c'est normal. Mais nous ne voyons pas nécessairement les impacts à long terme liés aux transports associés (entre autres). Une exemple simple: l'Espagne produit des fruits et légumes à prix plus bas qu'en France grâce au recours à une main d'œuvre sous payée et un climat favorable. S'en suivent les cohortes de poids-lourds qui envahissent nos routes pour inonder les pays d'Europe de fruits et légumes. Tout n'est pas noir. La mondialisation permet à certains pays d'émerger, comme par exemple les pays du Maghreb ou d'Asie vers qui nous avons délocalisé une partie de notre activité industrielle. Pour réduire ce type de transport nous avons au moins deux solutions: développer le ferroutage en Europe et/ou encourager la consommation de produits locaux que ce soit pour l'alimentaire (les « locavores ») ou pour les biens manufacturés. Mais, sans nul doute, cela amènera des conflits entre zones géographique sous couvert de protectionnisme.

La troisième grande consommatrice de transports est le loisir. Il faut toujours aller plus loin, plus original, plus perdu. Comme l'a dit Pascal (Blaise), l'infiniment petit rejoint l'infiniment grand et je suis persuadé qu'on peut trouver autant d'intérêt à coté de chez soi qu'à l'autre bout du monde. Comme je l'ai dit à mes enfants qui voulaient faire un voyage humanitaire dans une province rebelle du Togo où les Peuls utilisent une langue mqui sont les seuls à comprendre (je gouache un peu): « vous pouvez aussi faire de l'humanitaire en France, et même au Mirail à Toulouse (ticket de métro: 1.6 €) ». Un jour ou l'autre, il faudra bien laisser en paix les peuples que nous allons observer: si nous sommes voyeurs, ils ne sont pas forcément exhibitionnistes.

Bref, tout prêche pour une certaine autarcie qui nous permettrait de moins dépenser d'énergie dans les transports, d'épargner les centaines de milliers de vie qui vont encore disparaître dans les accidents de voiture, d'avions, de train, de bateau et de pédalo. Contrairement à ce que nous dit notre gouvernement (mais il n'en parle plus trop; je pense que les écolos ont dû lever les boucliers), il faut libérer le prix des carburants en espérant que le match entre le transports et les autres solutions énumérées ci-dessus sera plus équilibré, car, à l'heure actuelle, le prix du pétrole est encore bien trop faible pour susciter de nouvelles idées. Par exemple, comment se fait-il que le trajet Toulouse-Nice soit bien moins cher en avion qu'en train alors que l'électricité en France devrait être beaucoup plus abordable que le kérosène.

Tout prêche donc pour une limitation des transports. Mais cela amènera un repliement sur nous même, néfaste pour le progression de notre genre. La mobilité va de pair avec le progrès. Il faut donc trouver d'autres moyens de transport, d'autres sources d'énergie. L'enjeu est majeur et je n'ai pas l'impression que cela préoccupe nos leaders politiques. Peut-être que cette approche reste encore un luxe (au sens superflu) par rapport aux problèmes que nous rencontrons actuellement. Il faudra donc être au pied du mur pour réagir. Mais la transition va être rude...

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