Laxisme?

Je ne pense pas être du genre conservateur, dans le mauvais sens du terme. Par exemple, comme les conservateurs américains qui réagissent violemment aux propositions faites par B. Obama pour tenter d'inverser la courbe du réchauffement climatique (pas celle du chômage, le conjoint de Julie Gayet s'en occupe déjà). Les mesures prônées par B. Obama sont courageuses et ambitieuses, mêmes si elles sentent la fin de mandat et la décision de quelqu'un qui n'a rien à perdre. Les réactions bêtement négatives de quelques sénateurs qui se disent défendre l'économie de leur Etat manquent une fois de plus de profondeur et de vision à moyen terme.

Je ne suis donc pas conservateur en ce sens. D'un autre côté, quelques évènements récents me donnent envie de mettre les machines en "arrière toute" sur l'évolution de notre société.

Tout d'abord, l'affaire de l'école saccagée en Juillet dans un quartier sensible de Melun. Des gosses ont fait des bêtises, disons que cela peut arriver à n'importe qui et n'importe où. Je me souviens par exemple d'un saccage dans le collège chic et religieux de notre ville, perpétré par des adolescents issus de familles non moins chics et religieuses. On en parle, on sanctionne, on répare et on repart. Ce qui me fait sursauter dans le cas de l'affaire de Melun est la phrase d'un éducateur local: "vous comprenez… ces enfants restent enfermés toute la journée dans leur appartement avec leur famille. Le soir, il faut bien qu'ils se défoulent. Il faut les comprendre." Faire des bêtises est banal, mais il faut dire clairement aux gamins où sont les limites! Si personne ne leur dit, comment vont-ils les appréhender, surtout quand ils n'ont que cinq ans? Je ne dis pas qu'il faut les mettre systématiquement en prison, mais on aurait pu les obliger à nettoyer et réparer. Ils auraient été ainsi occupés à préserver leur propre environnement, une première marque de respect de soi.

La deuxième attaque au sens commun vient de notre Mamé Créole qui veut assouplir les peines pour défauts de permis ou d'assurance auto. Cela part d'un bon sentiment: ne pas engorger les prisons plus que ce qu'elles ne sont, et éviter de mettre en contact des petits délinquants avec des plus grands. Soit. Un "micro-trottoir" a été fait le soir même de cette annonce. Sans préjuger de la représentativité des personnes interrogées, plusieurs jeunes en âge de passer leur permis ont dit clairement qu'ils étaient prêts à prendre le risque de conduire sans permis et d'avoir une amende de 500 €. D'après eux, l'amende est toujours moins chère que le permis lui-même (1500 € environ en France). Hasard du calendrier (ou pas, d'ailleurs), quatre jeunes sont morts deux jours après cette annonce  dans l'accident d'une voiture bondée, conduite par une personne sans permis. Le permis n'aurait peut-être rien changé, mais les bases prodiguées dans les leçons de code auraient peut-être permis d'éviter le drame.   Et puisqu'on parle d'argent: pourquoi le permis est-il aussi onéreux en France? Pourquoi les permis sont-ils retirés aussi facilement? Qui en profite? Surement l'Etat. Pour information, le permis de conduire chez nos charmants voisins belges est trois fois moins cher! Alors, Madame Taubira, au lieu de baisser la garde (des sots, bien évidemment), essayez de faire en sorte que le permis soit accessible à tous et que plus personne n'ait d'excuse de ne pas le présenter. Et maintenez la répression en cas de défaut.

Dernier exemple: le blocage d'une autoroute Paris-Lille par des personnes voulant une libération temporaire d'un membre de leur famille. Trafic bloqué, chaussée endommagée et, surtout, une décision en appel qui montre que notre système est prêt à céder à la moindre pression. On s'approche du statut de république bananière. Je pense que je vais m'enchainer sur une voie ferrée la prochaine fois que je veux une augmentation… quoique mon pouvoir de nuisance n'est probablement pas suffisant et que je pourrais me retrouver en prison. Le pouvoir de nuisance: voilà un beau sujet pour mon prochain blog.

Tout cela pose, une nouvelle fois, le problème de l'éducation au sens large. Comment inculquer les bonnes pratiques de la vie en société? La première étape consiste les apprendre. C'est le rôle des parents ou, à défaut et de plus en plus souvent, de l'Education Nationale. Ensuite, il faut s'assurer du respect des règles. C'est le rôle de l'absence de laxisme.

Désolé, c'est mon côté conservateur.

"Le problème n'est pas d'aujourd'hui, ma brave dame…"

La perception du laxisme ne serait-elle pas un problème générationnel récurrent?