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Le cynorhodon
27 avril 2011

L'Homme, cet éternel pêcheur.

L'Homme est un grand pêcheur, c'est bien connu. Mais je parle de pêcheur et non de pécheur. Le sujet d'aujourd'hui n'est donc pas la religion mais la pisciculture.

L'Homme a commencé son périple par le statut de chasseur-cueilleur. Il était nomade et, à la chasse, il associait la pêche. Il s'est ensuite sédentarisé, a débuté l'élevage et la culture mais continuait de puiser dans les ressources aquatiques sauvages, bien qu'il semble que les romains, les égyptiens et les chinois antiques maitrisaient déjà l'élevage des poissons en étang.

Au XXI ième siècle, l'Homme a pratiquement cessé le prélèvement des ressources sauvages terrestres (terme pompeux pour la chasse) mais continue de pêcher inlassablement.

En France, la pêche dite de capture représente 90% de la production totale de poissons et crustacés, hors conchyliculture. Cette proportion se retrouve sur nos étals de poissonnerie: environ 10% de l'offre vient de la pisciculture.

Dans le monde, la proportion piscicole se monte à 30% de la production totale. La France est donc en retard sur le développement de la pisciculture et nous pêchons comme nous chassions au Moyen Age.

Il s'ensuit un épuisement de la ressource naturelle comme le thon rouge de Méditerranée, et parfois de manière irréversible, comme le cabillaud (morue) de l'Atlantique Nord.

 

Pourquoi une telle attitude?

Tout d'abord parce que toutes les espèces ne se prêtent pas à l'élevage. A l'heure actuelle seuls les bars, daurades, saumons, esturgeons, maigres, turbots sont élevés en eau de mer. En eau douce, il s'agit essentiellement de truites. Cela nous prive effectivement d'une grande partie de la vaste gamme des poissons sauvages. C'est indéniable. Mais nous ne sommes qu'au début de l'ère piscicole et il est probable que les techniques vont évoluer pour peu qu'il y ait une volonté politique et donc financière (voir plus loin).

L'autre grief formulé à l'encontre des produits aquacoles est la qualité gustative. Il est vrai que la chair est un peu moins savoureuse et que le poisson est réellement plus gras. Cela se remarque particulièrement pour les cuissons simples (grillades) pour lesquelles le goût «brut» ressort plus nettement. Par contre, je pense qu'un poisson préparé, par exemple avec une sauce, est beaucoup plus difficilement identifiable. Par ailleurs, la présence de graisses (poly-insaturées pour la plupart) permet de donner une consistance plus suave au poisson et le rend plus robuste aux cuissons trop longues, qui souvent tuent le goût.

Ensuite, il existe une certaine image négative véhiculée par les premiers élevages. La surpopulation associée à la surmortalité dans les élevages intensifs a donné l'impression que le poisson d'élevage n'est pas sain. C'était probablement vrai au début de la pisciculture mais il est maintenant nécessaire de développer des filières de qualité de type «label rouge» dans une approche d'élevage extensif. Pourquoi ne pas créer de vastes zones d'élevage dans une eau quasiment «libre», par exemple en fermant certaines baies ou anses par des filets. Ceci permettrait au poisson d'avoir un espace vital suffisant pour se développer dans un environnement proche de son environnement naturel sans apport nutritionnel excessif. Il n'y a rien de fulgurant à cela; il s'agit juste d'une extension des pratiques d'élevage terrestre.

Le dernier point qui fera surement grincer des dents est que le secteur de la pêche me semble être protégé par les autorités politiques. J'ai pu trouver sur le Net que l'Europe a versé 5 milliards de subventions à la pêche de capture entre 2001 et 2006, avec 10 % pour la France et presque 50% pour l'Espagne. Imaginez le nombre d''exploitations piscicoles qui auraient pu être créées avec ces fonds!

La subvention de la pêche de capture est une aberration écologique pour deux raisons: d'une part, elle est énergivore par les déplacements qu'elle nécessite et par le recours fréquent à la congélation des produits; et d'autre part, elle épuise les ressources naturelles car la demande est trop forte. Il faut donc convertir les subventions à la pêche en aide à la reconversion à la pisciculture.

 

Changez donc vos habitudes et mangez du poisson d'élevage! Vous ferez du bien à vos neurones et à la nature !

 

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