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Le cynorhodon
18 janvier 2020

L'heure des choix

A force de procrastiner, nous sommes arrivés à l’heure fatidique où nous devons faire des choix dans l’urgence. Comme disaient Jacques Chirac ou Nicolas Hulot ou encore Germaine Espougnasse: “la maison brule” et nous la regardons bruler sans bouger. Sans même faire appel aux pompiers.

En dépit de ce que prônent les climato-septiques, nous avons bien à faire face à une évolution climatique. Est-elle due à l’activité humaine ou à un cycle naturel? Nous n’en savons rien pour l’instant mais la corrélation de ce réchauffement avec l’ère industrielle est certainement un indice à ne pas négliger. 

Les indications de ce dérèglement sont de plus en plus nettes surtout dans les régions où les températures sont au voisinage des changements de phase: les pôles sont terriblement affectés car les quelques degrés de plus font fondre les glaces. Le changement est moins perceptible dans d’autres régions car nous sommes loin de ces seuils de changement de phase. Une autre indication est l’augmentation des phénomènes météorologiques violents. Donc, n’en déplaise à Donald et ses Mickeys, le réchauffement s’opère bien sous nos yeux grand fermés.

Il va donc falloir faire des choix.

Tout d’abord l’automobile. Cette voiture que j’aimais tant et que je me mets à détester tant elle aura eu un impact négatif sur notre planète. Les automobilistes roulent toujours autant seuls à bord et génèrent de plus en plus de gaz carbonique. Certains gouvernements ont bien essayé d’augmenter le prix des carburant pour inciter à des conduites différentes, mais ils se heurtent violemment, soit à la population (ce fut la cristallisation des gilets jaunes), soit au lobby de l’industrie automobile qui pratique un chantage à l’emploi. Il sera difficile de se passer d’automobile mais il va falloir réduire l’usage du moteur à explosion. La première solution est de limiter le nombre de kilomètres parcourus, par exemple en incitant à ne plus voyager seul. Je ne crois pas en la bonne volonté des Français et pense que la seule option est la sur-taxation des carburants, le produit de cette taxe pouvant être utilisé pour développer des sources d’énergie alternatives ou renouvelables. Le second axe est de simplement remplacer le type d’énergie. Dans ce cas l’électrique s’impose par sa facilité de mise en oeuvre. Mais deux problèmes se posent: quel est le bilan carbone de la fabrication ou du recyclage des batteries? Et comment fournir suffisamment d’électricité pour alimenter toutes ces automobiles? Je ne peux croire que nous allons créer suffisamment d’éoliennes ou de générateurs solaires pour répondre à ce besoin, du moins dans un premier temps. La planche de salut pourrait être l’énergie nucléaire. Le paradigme se présente comme ceci: si nous confirmons notre  volonté de consommer toujours autant d’énergie, il faut choisir le moindre mal parmi l’énergie nucléaire, dangereuse mais ne générant pas de gaz carbonique, et le réchauffement climatique. Mesdames, Messieurs les écologistes, il faudra choisir et je vous exhorte à bien analyser les risques avant de demander la fin du nucléaire. 

Ensuite, les avions. Contrairement à une idée reçue, les avions ne consomment pas beaucoup plus qu’une voiture: les évaluations d’Air France sont de l’ordre de 6 litres de kérosène pour 100 km et par passager. Donc autant qu’une voiture ayant seulement un conducteur. Par contre, l’avion génère beaucoup plus de CO2 que les trains, électriques. Là encore, en France, merci à l’électricité nucléaire! J’en viens donc à la proposition des troupes de JL Mélenchon: interdire les vols à courte distance, idée héritée des pays nordiques qui font office de maitres à penser en la matière. Je dois reconnaitre que j’adhère à cette idée, non pas en interdisant mais en surtaxant les vols intérieurs, le produit de cette taxe pouvant être utilisé à la remise en état de notre système ferroviaire (que je chéris, même si je viens de recevoir un SMS m’annonçant l’annulation de mon prochain train)

Les poids lourds. Rien qu’en tapant ces deux mots, je m’énerve. Si on cumule la pollution au CO2 et aux particules fines, les autoroutes saturées (on ne voit parfois même plus les panneaux indicateurs à cause du mur de poids lourds sur la file de droite), la recrudescence d’accidents et les conditions de travail pitoyables des chauffeurs, je me demande pourquoi nos gouvernements ne font pas plus pour favoriser le ferroutage. Cette solution aurait un double avantage: réduire les nuisances mentionnées plus haut et relancer le chemin de fer. Mais j’imagine que, là encore, les lobbies professionnels sont puissants et qu’il n’est pas facile d’infléchir la tendance sans avoir à faire face à des grèves qui bloqueraient toute la France. En parant de grèves, celles, récurrentes, de la SNCF ont fait baisser le trafic de ferroutage de 65%, probablement au profit du transport routier.

Le modèle de consommation. On parle beaucoup de décroissance. Effectivement, quand on sait que les ressources annuelles de la planète sont consommées en 8 mois environ, il faut réagir en consommant moins. C’est la décroissance. Pour y arriver, deux solutions très simples: la première est que chacun d’entre nous (je parle des membres du G7) fait un effort pour réduire sa consommation de 30% environ afin de revenir à une consommation en ligne avec ce que la planète peut produire. Moins de kilomètres en avion, voiture, et poids lourds, moins de viande, moins de plastiques permettront de réduire aussi nos émissions de CO2. L’autre solution de décroissance est celle qui pourrait palier à un manque de volonté des populations les plus riches de moins consommer. Il s’agit de réduire le nombre de consommateurs: non pas en les exterminant mais en adoptant une politique de réduction des naissances avec un objectif de -30% sur les 20 prochaines années. Le problème sera un vieillissement des populations et un manque de main d’oeuvre mais cela pourrait être compensé par le travail robotisé et par la longévité accrue. L’idée du développement de l’intelligence artificielle pour initialiser une phase de décroissance me plait assez car elle donne un but philanthropique à ce développement même si les GACA sont sur le coup depuis longtemps… et ce ne sont pas des philanthropes.

Ma perception actuelle est qu’une réduction de la consommation par personne est utopique, tant le marketing a envahi tous nos médias et tant nous sommes habitués à consommer sans compter, et au confort associé. Donc, à moins d’une révolution culturelle, la solution de réduction du nombre de consommateurs semble la plus réaliste.

Briser certaines idées préconçues. Je vous ai parlé de la consommation des avions. Mais on nous rebat les oreilles avec des sujets bateaux comme l’Amazonie qui serait le poumon vert de la planète. Certes, c’est une grande, très grande forêt, mais il y en a d’autres de par le monde et je doute que toutes les petites forêts qui couvrent le reste de notre planète ne génère pas plus d’oxygène que l’Amazonie. Des kyrielles de petits arbres ne sont-elles pas aussi utiles et efficaces que des myriades de grands arbres? Un autre point à prendre au sérieux: le phytoplancton. Ces micro-algues circulant entre deux eaux, juste sous la surface des océans, pourraient bien être des puits de carbone bien plus importants que les forêts, quelle qu’elles soient. Une preuve flagrante est que le phytoplancton est à l’origine du pétrole que nous brulons aujourd’hui: l’accumulation de ces algues au fond des mers sur des millions d’années a généré des quantités de pétrole gigantesques. Les océans sont donc peut être les vrais poumons de notre planète. Tout cela est en cours d’investigation. Une autre idée préconçue est que le CO2 est le principal coupable du réchauffement climatique. D’autres gaz ont des effets beaucoup plus néfastes, comme le méthane. Et d’où vient le méthane: de la digestion imparfaite des ruminants. Voilà donc une bonne raison de réduire notre consommation de viande. Le méthane serait aussi piégé dans le permafrost sibérien: un dégel consécutif au réchauffement global en libèrerait alors des quantités énormes. C’est un phénomène d’avalanche réellement inquiétant. 

La globalisation. Toutes les idées exposées ci-dessus doivent être étudiées et développées dans une perspective globale. Une exemple: surtaxer les vols intérieurs pourrait avoir l’effet inverse de celui recherché. Pour aller de Paris à Nice, les passagers passeront par Zurich ou Munich pour éviter les surtaxes. Il est donc important que chacun joue le jeu (mais je n’y crois pas, pardonnez ce coté blasé), et, surtout, que les gouvernements adoptent les mêmes mesures en même temps. On a parlé d’une sur-taxation du kérosène. Cela ne peut s’envisager qu’à l’échelle européenne car, sinon, les avions iront ravitailler dans les pays où le kérosène n’est pas sur-taxé.

La voie du milieu. Dans ma réflexion, je me heurte à l’intégrisme de certains mouvements. La solution, si nous voulons l’adhésion d’un maximum de personnes, ne viendra pas d’attitudes extrêmes mais du fait que chacun d’entre nous fait un petit effort. C’est le produit “Nombre multiplié par effort” qui importe. Un petit effort de tout le mode a le même impact qu’un très gros efforts de peu de personnes. Par exemple, pour le covoiturage: si tout le monde acceptait de le pratiquer une fois par semaine, cela réduirait le nombre de voiture sur les routes de 10% (en supposant deux personnes par voiture au lieu d’une). Cette baisse permettrait en outre de réduire la perte de temps dans les encombrements et les énervements associés, entrainant ainsi un gain de productivité. Un petit effort avec un impact important donc. De même, pour la consommation de viande: pourquoi une guerre entre vegan et “viandards” alors que manger de la viande quatre fois par semaine pourrait déjà avoir un impact positif sur notre environnement. Pourquoi arrêter le nucléaire maintenant? Réfléchissons, mettons en place un plan à long terme pour profiter encore un temps du nucléaire et de son impact sur la réduction des émissions de CO2, tout en planifiant une transition dans 50 ans (par exemple). Il va donc falloir pratiquer l’art du compromis pour un transition en douceur. Ceci étant, l’urgence est telle que nous aurons peut être besoin d’un gros effort de tout le monde!

Nous voyons apparaitre des idées un peu partout pour sortir de l’urgence climatique mais il semblerait que nous manquons de volonté, de courage politique et de synchronisation au niveau européen. Un espoir vient néanmoins de la prise de conscience des jeunes, comme cela s’est vu en France et en Allemagne lors d’élections récentes. Les jeunes ont en effet massivement voté pour des partis écologistes, en réaction à leur perception du statu quo politique sur le réchauffement, qui n’est pas encore pris assez au sérieux. Ils ont raison, il faut les soutenir en les aidant à mettre en place des choix que la sagesse des plus vieux leur permettra de mieux choisir. C’est l’heure, il ne faut plus tarder.

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