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Le cynorhodon
29 février 2020

Fiction

MDR: toute ressemblance avec des personnes existantes est bien entendue fortuite.

- Pour poursuivre notre réunion, j’aimerais prendre une décision sur les actions dont nous avons parlé ces dernières semaines. Cette année va être cruciale non seulement pour moi mais aussi pour vous. J’ai besoin de montrer l’efficacité de notre action avant l’échéance. Les résultats ne sont pas mauvais mais la compétition commerciale reste rude. Même en nous protégeant par des taxes. Je pense qu’il faut aller plus loin. Nous avions deux options. Ou en sommes-nous?

- Monsieur le Président, pour ce qui concerne la taxation des produits étrangers, je pense que nous sommes arrivés au bout de ce que nous pouvons faire. Taxer plus les produits “grand public” priverait nos concitoyens de produits qu’ils apprécient, d’une part, et de produits bon marché d’autre part. Nous pouvons par contre augmenter les pénalités contre les produits industriels, comme les avions Airbus. Nos électeurs applaudiront. Mais pas les produits alimentaires européens ou les  produits bas de gamme asiatiques. Notre marge de manoeuvre est donc faible.

- Monsieur le Président, nous avons analysé les opportunités de mener une campagne d’information sur nos produits nationaux et de désinformation sur les produits étrangers. D’après nos analyses et nos sondages, ces campagnes pourraient avoir un impact dans les classes moyennes supérieures et au dessus. Mais pas sur les classes populaires qui sont étranglées financièrement et n’ont pas d’autre choix que d’acheter des produits asiatiques bas de gamme. L’impact de ces campagnes sera donc relativement faible d’après nos analyses.

- Nous n’avons donc pas de solution digne de ce nom…

- Monsieur le Président, il faut prendre en compte qu’à l’heure de la mondialisation, le principe des vases communicants fait que nous ne pouvons renforcer notre pays qu’en affaiblissant les autres.

- Et alors?

- Monsieur le Président, il existe des moyens d’affaiblir un pays. Autrefois, c’était la guerre. Nous avons maintenant d’autres moyens.

- Continuez, allez au but.

- Nous avons vu que le SRAS de 2003 avait affecté la performance économique chinoise alors que la mondialisation étai moins poussée que maintenant. Le SRAS était fortuit, naturel. Nous avons maintenant les moyens techniques de créer des virus avec la dangerosité et la vitesse de propagation voulue.

- Vous n’y pensez pas. Comme vous le dites, à l’heure de la mondialisation, notre pays serait également affecté rapidement et nous serions tous dans le même panier.

- Monsieur le Président, nous avons deux avantages: nous connaissons le virus; nous l’avons créé. Nous pouvons donc préparer un vaccin efficace pour notre population. D’autre part, nous avons l’avantage du planning: nous pouvons lancer l’épidémie quand nous serons prêts à y faire face.

- Vous vous rendez compte de l’impact si c’était révélé?

- Nous pourrons toujours nier. C’est tellement gros que peu y croiront. Et puis, il faudra faire attention d’éliminer les personnes qui auront initié l’épidémie. Ce seront les seules à être au courant… avec les personnes présentes dans cette salle.

- Bon, où en êtes-vous?

- Monsieur le Président, nous avons mené des études dans notre centre de recherche centralisé. Nous avons créé un virus à partir d’un Coronavirus, assez commun, que nous avons modifié par génie génétique avec des séquences d’ADN du virus de la grippe H1N1. Les avantages sont que le virus vole, donc très contagieux, qu’il est résistant aux vaccins actuels et surtout qu’il reste transmissible de l’animal à l’homme, comme le coronavirus souche, ce qui permettra de brouiller les pistes sur l’origine de l’épidémie. Nous avons par ailleurs développé un vaccin, efficace à 98% sur les chimpanzés.

- Pourquoi les chimpanzés? Qui a financé ce putain de programme?

- Monsieur le Président, les chimpanzés sont les animaux plus proches de l’homme. Le programme a été financé par mon service, sur fonds propres. Restant de petites économies des années passées. Nous n’avons bien entendu pas commencé la production industrielle du vaccin.

- OK. Quel est votre plan?

- Nous sommes prêts à disséminer les souches de Coronavirus. Le vaccin est prêt à être produit en grande quantité. Nous pourrions injecter les souches dans des animaux d’abattage en Asie. La simple absorption de tissus pourrait contaminer un être humain. La méconnaissance et le temps de réaction des autorités sanitaires fera le reste. On peut également injecter le virus à un patient dans un hôpital, en toute discrétion. Nous avons des pions déjà bien placés de par le monde. Le tout est de déclencher l’épidémie quand nous serons prêts à y faire face. Je me répète mais c’est important.

- Vous êtes un sacré enfoiré. Quels sont les risques pour nous?

- Ils sont multiples, de probabilité très faible mais avec impact élevé. Le premier est le risque de mutation du virus. Si c’est le cas, notre vaccin ne protègera plus nos populations. Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu de mutation en dépit du nombre de transmissions entre espèces animales différentes. Un autre risque est l’incertitude sur le taux de mortalité. Nous tablons sur 5% des personnes contaminées mais l’incertitude est de +/- 3%. Une mortalité de 8% est équivalente au SRAS, une mortalité de 2% serait trop basse pour déstabiliser un pays.

- D’autres risques?

- La divulgation de l’origine de la contamination. Il faudra prendre des mesures radicales pour éviter cela.

- C’est à dire?

- Pour la contamination humaine, le meilleur moyen est d’injecter le virus à un de nos agents après qu’il ait été vacciné, pour qu’il accepte la mission. Il sera alors contaminant pendant environ 4 jours mais ne mourra pas. Il faudra alors l’éliminer. Le patient 0 restera donc introuvable. Même principe pour la contamination par voie animale.

- Et on viserait qui?

- De manière générale, toutes les puissances économiques.

- D’abord la Chine. Un impact sur leur outil de production nous permettra de relancer notre industrie et d’augmenter notre PIB. Tout bénéfice pour nous, si nous anticipons, là encore, en nous préparant à faire face à la pénurie des équipements et produits en provenance de Chine. Il faudra faire des stocks pour environ 6 mois, ce qui est a durée probable de l’épidémie. Ensuite, le Japon et la Corée du Sud. Dans ce cas, la propagation se fera quasiment naturellement grace à la perméabilité des frontières, du moins en début de crise. Ensuite l’Europe. Le plan est de contaminer en Italie du Nord car c’est le poumon économique d’un des pays les plus faibles et désorganisés d’Europe. On peut compter sur le manque de rigueur locale pour accélérer l’épidémie. Ensuite, les grandes idées européennes de libre circulation feront le reste. Et pour finir, il faudra noyauter les réseaux sociaux et les médias européens pour qu’ils contribuent à la panique.

- L’afrique et l’Inde?

- A priori, on n’y touche pas, ce ne sont pas des concurrents. Et puis, ça pourrait être dévastateur. Quoique… les migrants africains pourraient être la source de contamination de l’Europe.

- OK. On peut être prêt en combien de temps?

- Le principal obstacle reste de choisir la façon de produire la vaccin. Nous avons deux options: soit nous injectons la souche dans le vaccin de la grippe saisonnière et organisons une grande campagne de vaccination gratuite, officiellement de la grippe.

- Mais tout le monde ne sera pas vacciné.

- C’est vrai. L’autre option serait de développer une unité de production de masse dans un de nos centres de recherche. Nous stockerons les vaccins et serons prêts à vacciner dès que le virus arrivera sur notre sol, soir deux mois après le début de l’épidémie d’après nos simulations. C’est le plus sûr mais couterait environ 0,8 unités.

- C’est peu par rapport aux retombées économiques attendues.

- Mais comment justifier que nous aurons un vaccin en si peu de temps après l’apparition de l’épidémie?

- On pourra toujours parler d’un système de génie génétique révolutionnaire. Ce qui n’est pas si faux d’ailleurs. Et puis, cela fera de la pub à notre industrie pharmaceutique. On peut être prêt à vacciner dans 7 mois environ.

Le Président releva la tête, prit une grande inspiration. Il remit en place sa mèche laquée comme le canard de ses plus féroces ennemis.

“OK, faites moi un plan détaillé. On se revoit pour prendre la décision. Et mettez dans la liste aussi l’Iran. Ils commencent à me les briser menues à bruler mes portraits”.

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