"Quel est le rapport entre la mer et mes poissons?"

Cette réplique est celle du poissonnier d'Astérix, Ordralfabetix, à qui on vient de demander pourquoi il fait venir son poisson de Lutèce en char à bœuf au lieu d'aller le pécher dans la mer, juste à côté.

C'est un peu la réaction que j'ai eue en entendant ces derniers temps les propositions du gouvernement pour redresser les comptes de l'état.

Tout d'abord, le remboursement des lunettes a été limité à 470 euros. Or ce remboursement est fait essentiellement par les mutuelles, assurances privées, puisque la Secu ne rembourse que 2.84 euros pour les montures et environ autant pour les verres (sic). Quel est l'intérêt du gouvernement? Officiellement, c'est pour arrêter une spirale infernale: plus les mutuelles remboursent, plus les prix montent, au détriment de ceux qui ne peuvent avoir de mutuelle. J'ai des doutes… certaines enseignes proposent des lunettes à prix modéré (voir les innombrables pubs et maintenant des lunettes à 10 euros qui se vendent comme des petits pains). Non, tout cela me semble idéologique. La vrai évolution serait que la Secu propose des lunettes (des vraies) qui soient remboursées.  A propos, notre teinté-tout-mou porte des montures danoises à 500 euros (sans les verres). Bravo.

Autre sujet: les pharmacies et le numerus clausus. Le gouvernement voulait réduire le nombre de pharmacie fin 2012. Pourquoi? Quel est le rapport avec le déficit de la secu? En fait ce n'est pas le nombre de pharmacie qui est visé mais la marge sur les ventes de médicaments (-10%). Et pour compenser cette perte, le gouvernement proposait une réduction du nombre de pharmacie d'autant, pour maintenir le bénéfice de chaque officine. Problème: cela va supprimer 11 000 emplois en France, soit beaucoup plus que les 220 postes supprimés chez GAD, dont on nous rebat les oreilles un peu plus tous les jours. Encore un mauvais calcul. Et encore plus incompréhensible, le gouvernement veut maintenant déréglementer la profession pour augmenter le nombre de pharmacie et faire jouer la concurrence pour faire baisser les prix. Alors on augmente ou on baisse? Aller comprendre ma brave dame…

Les allocations familiales. Beau sujet du moment empreint d'une certaine connotation idéologique. Je ne reviendrai pas là-dessus de peur de perdre des lecteurs. Mais quand même une réflexion. Pourquoi inciter les français à faire des enfants alors qu'on ne sait même pas comment faire vivre la population actuelle? Nous ne sommes plus dans les mêmes perspectives que les lendemains de la seconde guerre mondiale, à moins que j'aie raté une information cruciale… Il faut donc limiter les allocations  familiales au seuil de renouvellement de la population, soit 2.05 enfants par femme. On fera grâce des 0.05 enfant, concept qui reste à inventer et qui est de toute manière compensé par l'immigration clandestine. Limitons donc les allocations à deux enfants!

Les congés parentaux.  Alors là, c'est de la grande hypocrisie! Le gouvernement a raison de vouloir limiter les congés parentaux, et ce, pour les mêmes raisons que la limitation des allocations familiales. Cela a été fait en transférant en partie les droits des mères vers les pères en espérant que ceux-ci ne les demanderont pas. Bien joué tactiquement mais la ficelle est un peu grosse. Il aurait mieux valu dire clairement les objectifs pour commencer à changer les mentalités sur le sujet.

Les crèches. Même combat. Faut-il vraiment inciter les deux parents à chercher un boulot alors qu'il n'y en a pas pour tout le monde? Mieux vaut un  père ou une mère qui s'occupe de ses gamins à la maison. Le problème est que celle qui reste est le plus souvent la mère. Cela sous-tend donc un certain sexisme.

Et finalement les ministres de notre teinté-tout-mou: certains sont bons mais que vont-ils faire dans cette galère. Contrairement à leur meneur qui cherche "à vendre du poisson de Lutèce en Bretagne", ils ont des idées pour du poisson frais cuisiné avec des recettes innovantes et non sans une certaine classe. Je pense à Fabius, Rebsamen, Le Drian et autre Macron. Mais ils brisent les idéologies et les blocages psy d'une gauche dont Cambadélis se veut le grand Manitou, en défendant des causes d'un autre âge.