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Le cynorhodon
7 janvier 2015

Actes gratuits

La mise en place du tiers payant généralisé chez les médecins a relancé le débat, du moins entre mon cerveau droit et mon cerveau gauche, sur la gratuité et ses effets pervers.

La gratuité totale a deux conséquences négatives: l'incitation à la surconsommation et le déclin du niveau de service.

Pour le premier effet, il est clair que, en France tout au moins, notre culture nous amène à profiter outrancièrement de tout ce qui est gratuit. Je me souviens encore des fêtes de Noël organisées par mon entreprise pour nos enfants. Tout était gratuit. Le buffet était copieux et les gens se servaient d'énormes assiettes de victuailles qui finissaient souvent à moitié sur le sol. Concernant le tiers payant généralisé, je ne connais pas la contrainte auprès des médecins et me garderai bien d'émettre la moindre opinion car mes copains toubibs qui vont me lire ne voudront peut-être plus me soigner. Par contre, sur le fond, je pense que cette gratuité apparente des soins va inciter les patients peu scrupuleux à consulter plus. Je connais déjà des personnes qui ont droit à la CMU et qui vont voir leur médecin comme on va faire un tour aux galeries Lafayette. Notez bien que je ne dis pas "comme on va au cinéma" car le cinéma, lui, est payant. La gratuité des soins va donc probablement creuser encore un peu plus la tombe de la sécu au profit des assurances privées. Il ne faudra pas pleurer quand on arrivera effectivement à une médecine à deux vitesses pour cause de faillite du système public. Une mesure qui m'aurait semblé plus judicieuse aurait été de mettre en place le tiers payant généralisé, certes, mais avec un plancher non remboursable de 2 euros pour faire réfléchir les patients avant de consulter tout en contentant les médecins en colère. Autre exemple d'incitation à la consommation: les grandes surfaces et autres discounters proposent des promotions sur des lots où un produit est gratuit. Souvent, cela amène des consommateurs peu avertis à surconsommer sans réel besoin. Pourquoi acheter beaucoup si on n'en a pas besoin…? Autre exemple avec les forfaits de téléphonie: sms et voix illimités amènent à des situations complètement ubuesques où les gens passent leur temps rivés à leur smartphone dans un relatif autisme en se promenant dans les rues sans regarder autour d'eux, la tête baissée, bousculant tout le monde et concentrés sur le dernier snapchat de la copine qui s'est cassée un ongle il y a 3  secondes. A-t-on réellement besoin de tous cela? De la même manière, le développement d'internet et ses forfaits illimités sont catastrophiques pour la planète (eh! oui): l'envoi d'un e-mail de 1 Mo vers une personne consomme l'équivalent énergétique d'une ampoule durant 2 heures…! Imaginez  le cout journalier des échanges mondiaux sur la Toile!  Rien qu'en France l'ADEME estime que 300 000 tonnes d'équivalent CO2 sont générés par les échanges internet, soit l'équivalent des émissions carbone annuelles de 100 000 voitures. Encore une fois, est-il vraiment indispensable de savoir en temps réel si les jumeaux monégasques ont bien fait leur rot après leur dernier repas? Le meilleur pour la fin: la gratuité des autoroutes le week-end. La bonne blague. Je vois bien les français prendre la route comme une fin en soi,  juste pour profiter des merveilleux paysages poétiques offerts par le long ruban de bitume bordé de ses rambardes métalliques et de ses stations-services aseptisées.

Le second effet est, en quelque sorte, lié au premier: la surconsommation amène la dégradation du service. Pour en revenir aux médecins: si les patients sont plus nombreux  et que le nombre de médecins n'augmente pas, le temps moyen de la consultation va mécaniquement baisser amenant à une moindre attention aux cas traités. Alternativement,  le temps d'attente pour avoir un rendez-vous pourrait augmenter comme c'est déjà le cas pour les ophtalmos. Autre exemple: les universités françaises. Dans leur grande majorité, elles coutent peu cher à l'étudiant, ce qui amène les jeunes peu motivés à tenter leur chance même si la motivation n'est pas toujours présente. Au final les facs sont engorgées, les places manquent, le service se dégrade et nos universités n'ont plus la cote. Ne vaudrait-il pas mieux sélectionner à l'entrée? Je pense que oui. Mais là où je me trompe c'est qu'il ne faut pas sélectionner par l'argent mais par le niveau. La levée de la gratuité des facs n'est donc pas la bonne solution pour relever leur niveau. Par contre, cela reste une option pour augmenter leurs moyens financiers (de manière évidente).  L'autre aspect est la dégradation des services liés aux approches "tout compris" ou "forfaits". Je reviens aux services de téléphonie mobiles qui sont hyper saturés dans certains pays européens. Je ne vous parlerai pas de l'Italie, mon préféré, où il est très difficile d'avoir une ligne correcte aux heures de pointe. Ce n'est pas encore le cas en France, mais je constate que le débit Internet est de plus en plus limité en soirée dans les zones à forte densité de population. La faute au streaming, zapping et autres occupations dilettantes (dont je suis bien content de profiter par ailleurs). Jusqu'où ira le développement des services connectés sans risquer la saturation?

Le paiement du service proportionnellement à l'utilisation qu'on en fait me semble, de manière générale, une règle de base pour contenir la surconsommation et maintenir la qualité des services.

 

350px-Fromage_gratuit

 

Gratuité-Bastiat

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Commentaires
K
C'est la production des salariés de manière générale qu'il faut encadrer. Faire comprendre au gens que lorsque le pouvoir de l'argent devient déraisonnable et générateur de problèmes graves, ce n'est plus possible de travailler pour l'état. Il faudra donc qu'ils gagnent en sagesse et renoncent au vice. Il faudra créer de la coercition pour les irresponsables. Un combat pacifique avant tout. <br /> <br /> Un monde plus avide de richesses matérielles que de richesses humaines, n'est pas un monde normal.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> HS: J'aimerais bien lire une analyse de votre part sur les attentats de ces derniers temps, je pourrais me faire une idée de votre intelligence et de la qualité de votre esprit critique. <br /> <br /> Cordialement.
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