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Le cynorhodon
22 janvier 2017

Le travailleur français est malheureux

Initialement, je voulais afficher le titre comme une interrogation mais c'est finalement une affirmation.

Dans mon environnement, qu'il soit professionnel ou non, j'entends souvent les gens qui travaillent se plaindre. Beaucoup ne rêvent que de week-end ou de vacances, comme si de moins en moins de personnes se réalisaient dans l'exercice de leur profession. C'est dommage car le travail fait partie de notre cadre de vie  depuis qu'Eve a cédé à la tentation du Serpent, donc depuis un certain temps en fin de compte. Certes, ce n'est pas le cas de tous et certains aiment encore leur profession qui devient alors une vocation ou, parfois, un sacerdoce.

Pour les autres, les symptômes de désamour pour leur travail sont nombreux. Les français sont de grands consommateurs de psychotropes alors que notre pays est un des plus enviés au monde pour sa Nature, son style de vie et son modèle social, du moins ce qu'il en reste. C'est cela aussi le paradoxe français. D'autre part, le niveau de susceptibilité associé aux questions du travail est élevé: il semble que tout effort ou  réforme soit perçu comme la goutte d'eau de trop, comme si les conditions de travail étaient suffisamment tendues pour que toute idée de modification entraîne la suspicion, la rupture et finalement la grève. Les troisièmes symptômes sont les tranches de vie captées dans lieu publics, au bureau ou dans le cercle privé: beaucoup se plaignent de surcharge, de stress, de fatigue chronique et de manque d'intérêt. Signes de morosité.

Pourquoi?

Je pense que l'origine se trouve en partie dans les pertes de compétitivité de nos entreprises consécutive au passage aux "35 heures".  Lors de cette transition, les salaires ont été généralement maintenus mais nous avons travaillé moins. Cela a été très souvent compensé par un ralentissement des augmentations de salaire pour équilibrer les coûts de production. C'est la première frustration du travailleur. Et elle est majeure car nous travaillons tous pour vivre, même si certains le font encore pour une certaine reconnaissance de la société via l'entreprise.

En parallèle des "35 heures", l'état a mis en place une surprotection des salariés qui rend les entreprises relativement prudentes vis-à-vis des embauches en CDI. Elles ont donc recours aux contrats à durée limitée (CDD, intérim ou stages) pour limiter les risques d'inadéquation des ressources, que ce soit par rapport aux compétences ou par rapport au besoin dans le temps. Ces contrats temporaires sont la seconde source de frustration, et je le comprends, car ils donnent au salarié l'impression d'être une sorte de marchandise qu’on prend ou non en fonction  du besoin, et non une ressource sur laquelle on doit capitaliser. Par conséquent, nous ne pouvons que constater que la surprotection des salariés le dessert en fin de compte. On retrouve d'ailleurs la même problématique  pour les locataires de biens immobiliers qui sont souvent pénalisés par une réglementation qui mène les propriétaires à des demandes de garantie de plus en plus exigeantes.

La troisième cause de frustration est aussi une conséquence de la baisse de notre compétitivité.  Les entreprises demandent toujours plus d'efficacité à leurs salariés pour réduire les coûts de production. Les salariés se retrouvent ainsi dans une zone d'inconfort permanent. Or l'effort, dans tous les domaines, n'est acceptable que sur un temps limité.

Voilà donc le triste constat des causes de la morosité du travailleur français. Il est temps que nous envisagions le travail différemment, peut-être en nous rapprochant du modèle américano-britannique dans lequel les personnes travaillent plus de jours par an (donc moins de jours de congés) mais moins d'heures par jour. Cela permettrait d'envisager le cycle travail/repos ou profession/privé d'une autre manière en quittant le bureau plus tôt certains soir. Il faudrait également déréguler en partie le Travail pour donner plus de mouvement en facilitant les embauches comme les ruptures de contrat. Mais que n'ai-je pas dit là? Ce serait une révolution: non pas de le mettre en place mais simplement de le proposer!

gaston

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Commentaires
L
Je serai bref. On oublie les vacances infernales. Heureusement !
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F
Hello Fred,<br /> <br /> <br /> <br /> Ravi de retrouver ta plume.<br /> <br /> Globalement d'accord avec ton analyse sauf sur les salaires ! Globalement, les salaires ont plus augmenté en France qu'en Allemagne !<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre, il est vrai que la réduction du temps de travail a entrainé une amélioration de la productivité horaire ( La France est parmi les meilleures nation sur ce paramètre) et donc probablement ces cadences "infernales" induisent une qualité de vie au travail moins bonne. Travailler plus dans l'année mais moins chaque jour peut être une solution.<br /> <br /> Le recours aux contrats précaires est surement aussi lié à la bonne protection des CDI. Ce constat doit conduire à la notion de flexi-sécurité. Comment je rends plus facile de licenciement mais comment je permets à ceux qui perdent leur job d'en retrouver un très vite ? Certains proposent de réduire les durée d'indemnisation chômage pour forcer les chômeurs à reprendre un job, faisant l'hypothèse que ces derniers ne font pas suffisamment d'efforts ! Au risque de mettre beaucoup de gens dans des situations encore plus précaires si les mécanismes de formation par exemple ne sont pas efficaces pour aider à retrouver vite un job ..c'est le sens des projets de Fillon ou de Macron par exemple. C'est ce que les partenaires sociaux et le gouvernement ont voulu faire avec le CPF puis CPA. Mais on ne change pas de job avec 150 h.<br /> <br /> Il y a donc des actions mais probablement pas assez cohérentes, structurées, cordonnées pour permettre de changer le paradigme . Et pas certain que les salariés en CDI ( l'immense majorité d'entre eux) acceptent d'être plus précaires pour permettre aux autres de l'être moins ! car statistiquement un salarié en CDI a peu de risque d'être au chômage ! <br /> <br /> Pour compléter ton analyse, je te suggère de lire l'étude de France Stratégie qui s'interrogeait sur ce sujet. <br /> <br /> http://www.strategie.gouv.fr/publications/lignes-de-faille-une-societe-a-reunifier<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Mais plus généralement, les salariés français sont malheureux parce que les citoyens français sont pessimistes ! Les salariés ne sont que des citoyens qui constatent que l’ascenseur social ne fonctionne plus, que leurs enfants auront une situation moins bonne que la leur . Ces salariés font partie de cette classe moyenne qui hier regardaient vers le haut et avait l'espoir de progresser mais qui aujourd’hui regarde avec angoisse vers la bas et craint le déclassement.<br /> <br /> Ce sentiment d'abandon est ressenti depuis des dizaines d'années par les classes populaires ( qui votent massivement Le Pen pour exprimer leur ras-le bol). Il touche désormais les classes moyennes ! Ça commence à faire beaucoup de gens en colère !<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu'il manque à notre pays un projet , voire, un rêve ! Qui permettrait à tous de se retrouver, de comprendre le sens des efforts à faire !<br /> <br /> Je pense que c'est souvent l'absence de sens qui explique aussi le désengagement des salariés des entreprises. Ces derniers ne croient plus aux beaux discours qui se fracassent trop souvent sur des plans sociaux !<br /> <br /> <br /> <br /> Les dirigeants d'entreprise ou politiques doivent proposer un projet qui donne du sens au travail ! qui permet à chacun de comprendre son rôle, qui donne l'espoir que demain sera mieux qu’aujourd’hui . Quand un pays est dans cette dynamique , les citoyens ne se regardent pas les uns les autres à savoir qui est le plus malheureux. Le migrants n'est pas opposé au SDF, misère contre misère !<br /> <br /> <br /> <br /> c'est tout l'enjeu des élections à venir ! Qui donnera cet espoir ? cette envie de demain ?<br /> <br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br /> Fabrice
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