“Nous sommes tous de africains”

J'ai regardé récemment un reportage sur Arte en rediffusion en vidéo à la demande un samedi soir de solitude d'Août à Toulouse. C'était intéressant; je suis resté réveillé, voire éveillé.

Ce sont les travaux de paléo-généticiens (sic) qui ont essayé de retracer l'histoire du génome humain. Pour faire simple, ces chercheurs ont analysé des génomes humains aux quatre coins du globe, si l'on peut dire. Toutes les ethnies y sont passées et le résultat est surprenant. Le génome des populations africaines est beaucoup plus riche que sur les autres continents; et parmi les africains les Bushmen (non, ce ne sont pas les ancêtres de George W., mais une peuplade du désert du Kalahari) présentent le génome le plus riche; voir photo. C'est le peuple le plus ancien d'Afrique australe, implanté là depuis au moins 45 000 ans... D'autre part, le génome humain est le même à 99.9% pour toutes les ethnies (même pour les femmes qui ont pourtant un chromosome carrément différent!). Pour tout vous dire la coïncidence entre le génome humain et celui du chimpanzé s'élève à plus de 90%. Comment imaginer dans ces conditions que l'homme n'est pas un singe évolué?

Les chiffres sont là, mais quelles sont les conséquences sur les scénarios qui permettent de donner une explication à notre évolution? Les paléo-généticiens ont pu calculer que la diversité du génome humain provient d'une population initiale d'environ 10 000 individus qui aurait subi une mutation génétique. Nous n'en sommes pas au couple d'Adam et Eve mais il en résulte que l'humanité actuelle avec ses 6 milliards d'individus serait issue de quelques milliers de personnes. Cela apportera, à juste titre, de l'eau au moulin des créationnistes car on en revient à la notion de quantité limitée d'êtres « élus ».

Le fait que les génomes les plus diversifiés se trouvent en Afrique fait dire aux experts que les 10 000 privilégiés (les homo sapiens) sont partis d'Afrique pour migrer d'abord au Proche-Orient puis vers l'Europe et l'Asie et finalement en Amérique via le détroit de Bering. Cette analyse est confortée par l'étude des flux migratoires. A noter qu'ils se sont faits à la vitesse moyenne de quelques kilomètres par an. C'est à dire que le chasseurs-cueilleurs se sont déplacés au grès de leurs besoins (quand leur territoire était épuisé; on ne peut leur en vouloir de ne pas avoir pensé au développement durable) mais toujours plus ou moins dans la même direction.

Et ensuite comment se sont créées les différentes races? Les premiers homo-sapiens devaient être de type négroïde. Comment certains sont devenus bridés ou blancs, ou blonds? Deux explications sont avancées. Tout d'abord il y eût des modifications physiques puis génétiques qui ont permis à l'homme de s'adapter à son nouvel environnement lors de ses migrations. Il ne faut pas oublier que tout cela s'est passé sur plusieurs dizaines de milliers d'années. Par exemple la peau blanche permet de mieux assimiler le peu de soleil des pays du nord entre autre pour maiux synthétiser la vitamine D. Ensuite, et c'est savoureux, il y aurait la cause sexuelle. Certains types de femmes ou d'hommes étaient reconnus plus attrayants ou plus performants. C'est le cas des blonds dans le nord ou des yeux en amande en Asie, qui ont donné ensuite des yeux bridés. A la longue, la reproduction privilégiée entre des personnes ayant un caractère physique particulier s'est transmise dans le génome local. C'est la méthode de sélection pratiquée dans l'agriculture mais appliquée au genre humain. Étonnant, non?

Voilà donc une très brève histoire de l'humanité qui permet de conclure que les africains sont à l'origine de l'humanité. Ce qui a fait dire à Mgr Desmond Tutu quand il a pris connaissance de cette théorie: « nous sommes tous des africains. Imaginez le message de paix que cela pourrait véhiculer ». Sage homme.

Comments

[Zadoue Zaz]

ce genre de message de paix... :)