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Le cynorhodon
5 août 2012

Vive le sport?

Je regarde de temps en temps, à vrai dire quand j'ai une flemme aiguë, les JO de Londres. C'est agréable de voir des gens qui semblent sains et intelligents se battre avec eux-mêmes et leurs petits copains de jeu pour obtenir la précieuse médaille. L'image du sport en est redorée. Je veux dire par rapport à des sports pour lesquels l'argent domine. Certes, les athlètes des JO ont une prime s'ils remportent (rapportent?) une médaille. Une prime de 50 à 100 000 euros pour les français je crois. Rien a voir donc avec les salaires mirobolants pratiqués dans le foot. Par exemple, Ibrahimovic et ses 14 millions de salaire net d'impôt soit plus de 60 millions annuels brut. Tout cela pour que les supporters du PSG puissent encore et toujours se tabasser dans les tribunes après abondance de saluts nazis. Vous connaissez tout cela mais c'est dit. Par curiosité, j'ai cherché les salaires du foot américain: le joueur le mieux payé touche environ 12 millions. On se sent donc moins seul. De toute manière, le club du PSG est privé (et étranger maintenant, qui plus est). On n'a donc rien à dire tant que le salaire des joueurs n'affecte pas les finances publiques. Sauf que, comme l'a dit Hollande, il y a des limites à tout. Sauf à faire rêver le peuple peut-être. Les footballers ne seraient-ils pas les nouveaux princes de la jet-set?

Mais revenons à nos JO. Les athlètes que nous voyons sont-ils vraiment si sains? Pour l'instant, on ne recense que peu d'affaires de dopage (un coureur de fond, un rameur et un haltérophile), mais on ne sait pas si c'est dû à l'assainissement pratiqué dans le sport depuis des années ou si les produits restent indétectables. On peut se le demander en voyant les phénomènes physiques comme les nageurs. Car on se dope pour les Jeux depuis l'antiquité. Déjà, les Grecs, qui n'étaient pas des couillons, mangeaient des testicules d'animaux durant leur entrainement. Plus rigolo: les sauteurs mangeaient de la chèvre et les lutteurs du taureau... Même si on peut douter de l'efficacité, cela en dit long sur la volonté de surpasser l'autre. Plus près de nous, je me suis livré à un petit comparatif: dans les jeux modernes, le record du saut à la perche est passé de 3.3 m à plus de 6 m! Pour le lancer du disque on est passé de 30 m à 70 m. Compte tenu que l'homme n'a pas beaucoup évolué depuis les premiers JO modernes (1896), le progrès ne peut être que technique: le physique de l'athlète et le matériel.

Coté physique, les préparations sont devenues d'une extrême précision: grâce à la progression de nos connaissances médicales, nous savons exactement quoi faire et quand pour développer un champion. Nous avons appris que certaines conditions d'entrainement favorisent la performance, comme l'hypoxie. Autrefois on s'entrainait en altitude. Maintenant, c'est dans des tentes où la pression d'oxygène est limitée... Et c'est parfaitement légal. On a aussi appris que certains médicaments (les broncho-dilatateurs) permettent de mieux assimiler l'oxygène, comme les produits contre l'asthme. D'ailleurs, savez-vous que la majeure partie des coureurs du Tour de France sont asthmatiques? Voir http://www.cyclisme-dopage.com, c'est hallucinant. Pauvres coureurs, le sport rend malade... Le dopage est parmi nous, que nous soyons sportifs ou non. Qui n'a pas eu recours a des excitants pour préparer des examens ou des concours; plus d'un cadre sur cinq se dope, quand ce n'est pas le recours à la coke. Cette omniprésence fait dire à certaines personnes peu éveillées (aux USA...) qu'il faut légaliser le dopage pour mieux l'encadrer, un peu comme la prostitution ou le cannabis. Mais comment définir les limites par rapport aux risques encourus par les athlètes et par rapport à l'objet du sport? Jusqu'où ira-t-on pour attirer toujours plus de spectateurs et donc de fonds publicitaires? Car nous n'avons pas tout vu sur le dopage: je pense que les thérapies géniques risquent d'être détournées au profit du dopage dans la décennie à venir. Imaginez que nous identifiions le gène qui contrôle la production de testostérone ou d'hémoglobine ou la croissance des muscles. Ces « réglages » permettraient à l'homme de dépasser sa performance théorique ultime, à « génome constant ». Car il faut bien reconnaître que les records semblent avoir un comportement asymptotique et les progrès sont de plus en plus laborieux. Néanmoins, légaliser le dopage est une erreur pour deux raisons: c'est dangereux pour les athlètes et, de toute manière, il existera toujours des sportifs « hors la loi » qui chercheront à avoir recours à des produits hors liste ou non accessibles par les camarades de jeu.

L'autre aspect est le coté technologique. Pour revenir au saut à la perche, il était pratiqué au début du XX ième siècle avec une perche en bois. Maintenant, elle est faite de fibres de verre et de carbone ce qui les rend souples; elles agissent alors comme des ressorts. On comprend aisément qu'il est plus facile de rebondir avec un ressort qu'avec un bout de bois. Autre point intéressant: les athlètes sont maintenant équipés de marqueurs sur le corps lors de leur entrainement et tous leurs mouvements sont analysés et décortiqués pour être comparés à ceux des meilleurs. Cette méthode permettrait de se rapprocher du geste idéal. Rien de choquant à tout cela tant qu'il s'agit d'optimiser les performances à contour physique constant. Par contre, un point m'a surpris dans les Jeux en cours: il s'agit de la participation de l'athlète handicapé Oscar Pistorius (Afrique du Sud). Ces deux mollets ont été amputés et sont remplacés par des lames d'aciers. Il a été admis à concourir avec les « valides ». Je crains que cela n'ouvre une brèche et ne fasse jurisprudence car, un jour ou l'autre, l'homme « réparé » pourra devenir un homme « augmenté ». Je veux dire que si les lames utilisées par O. Pistorius étaient un peu plus élastiques ou un peu plus longues, il pourrait battre les meilleurs valides. Au risque d'être accusé de discrimination, je pense qu'il faut interdire les prothèses dans le sport.

Voilà donc comment le sport devient de plus en plus technologique; et je pense qu'il est amené à disparaître sous sa forme actuelle. C'est arrivé à la Formule 1: les enjeux financiers et technologiques ont dépassé l'aspect humain et j'ai l'impression que de moins en moins de personnes s'y intéressent. Seul le sport amateur restera dans l'esprit initial et les sports professionnels deviendront des laboratoires expérimentateurs du genre humain.

Vive le sport mais le sport amateur, donc.

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