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Le cynorhodon
13 décembre 2012

Etatisation

Je préfère ce terme à celui de « nationalisation » qui a un petit relent de seconde guerre mondiale et d'idéologie de républiques soviétiques.

Nous parlons donc à nouveau d'étatisation en France alors que les dernières datent de François I, sous l'ère Mauroy. Il aura donc fallu environ 30 ans et plusieurs privatisations en masse pour voir l'État envisager de revenir dans le domaine de l'entreprise.

Du coté des « contre », les arguments sont qu'une entreprise n'est rentable que par sa quête de la compétitivité et que l'Étatisation rimant avec monopole ou marchés captifs, l'entreprise n'a pas tendance à progresser. L'Étatisation peut permettre de relever des entreprises en difficulté mais, toujours selon les « contre », il n'y aucune bonne raison que l'Etat investisse dans un domaine non rentable l'argent du contribuable. C'est la loi du plus fort et celle du libéralisme. L'intervention de l'État irait donc à l'encontre soit de la compétitivité soit des finances publiques, soit des deux. Par ailleurs, on peut craindre que les états qui nationalisent fassent peur aux investisseurs étrangers qui ne prendraient pas deux fois le risque de voir leur bien racheté par l'état hôte.

Du coté des « pour », on peut trouver tout d'abord des idéologies de bonheur du salarié qui évoluerait dans une entreprise où seule la production de biens pour le citoyen importe, faisant fi de toute notion de profitabilité. C'est ce qui a été développé à l'ère soviétique. On peut aussi imaginer un État qui régule la production pour contrôler les prix par l'équilibre entre l'offre et la demande en réduisant ainsi le risque des crises de surproduction dénoncées par Marx.

Je ne me risquerais pas sur le terrain technique, que je ne connais que peu, de peur de m'attirer les foudres des professeurs d'économie qui me lisent (peut-être).

Les deux approches ont montré leurs avantages et leurs inconvénients. Mais dans un cas comme dans l'autre, ce qui fut un avantage a aussi tourné à la déroute. En URSS, le modèle communiste des entreprises d'Etat a permis aux pays de s'équiper et de progresser rapidement entre les deux Guerres mais n'a pas empêché un écroulement du système dans les années 90 car la standardisation et la planification à outrance privent le peuple d'une certaine part d'espoir en l'avenir. Même chose avec les USA qui ont pris l'autre option, le libéralisme, qui a montré ses limites lors de la crise qui nous affecte encore. Aucun des deux systèmes n'est donc parfait mais ils présentent l'un et l'autre des avantages.

Existe-t-il un modèle qui permette de ne tirer que les avantages des deux approches?

Je ne pense pas qu'il faille essayer de définir un modèle absolu, qui puisse fonctionner dans tous les cas de figure économique qui puisse se présenter. Pourquoi vouloir que l'état ait la même attitude en période de crise et en période de croissance? L'Homme est doué d'une certaine intelligence, surtout quand il s'agit d'argent. Il devrait donc s'adapter à la situation: c'est le propre de l'intelligence.

Par les temps qui courent, la crise met à risque le peu d'entreprises qui restent implantées dans le monde occidental. Des investisseurs les rachètent à prix cassé pour brader ensuite les actifs au prix d'une casse sociale retentissante. C'est là que l'état doit intervenir pour garantir la pérennité d'un outil de production qui peut s'avérer stratégique. Ne faudrait-il pas s'assurer d'une capacité de production minimale d'acier en France? En rachetant Florange, l'état aurait payé des sidérurgistes à produire avec une rentabilité probablement négative mais n'est-ce pas mieux que 600 chômeurs? D'autant qu'on peut espérer que la crise sera passagère et que l'outil de production pourra ensuite être revendu au secteur privé. Cela s'est passé pour Alstom en 2004. N. Sarkozy était ministre des Finances, non? Après une prise de capital à hauteur de 22%, une remise sur pied et une réorganisation autour de son « core-business », l'État a revendu ses parts d'Alstom avec un bénéfice de 500 Millions d'euros. C'est un exemple de réussite, mais par forcément réaliste dans tous les cas. A cette époque, les finances étaient plus reluisantes qu'en ce moment ce qui a permis à l'état de débourser 700 millions d'euros. Et la croissance était là pour un secteur, de plus, porteur (rames de TGV par exemple).

En serait-il de même pour le site de Florange? Une étatisation aurait-elle eu un impact négatif sur les investisseurs étrangers en France. Je ne sais pas.

Mais reste qu'il vaut mieux - pour tout le monde - payer des gens à produire des biens peu rentables plutôt qu'à ne rien faire. Mais si les biens sont vendus au prix du marché, cela s'apparente à du dumping et doit aller à l'encontre des règles de commerce internationales. C'est peut être là qu'est le problème.

 

 

 

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