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Le cynorhodon
5 février 2013

La France figée

Récemment, je lisais ma feuille de chou préférée dans le métro et je suis tombé sur un article concernant les mal-logés. Un cas extrême était présenté; il s'agissait d'une famille de cinq personnes qui habitait chez des amis dans une pièce de 10 m² à Paris intramuros. Comme souvent, l'article se bornait à une description de la situation.

Pourquoi cette famille s'obstine-t-elle à loger dans Paris, qui n'est pas reconnue comme la ville la moins chère de France? Les deux parents travaillent et gagnent environ 1500 euros par mois, plus 500 euros d'allocations. Pourquoi cette famille ne part-elle pas vivre en banlieue ou en Province? Cela leur permettrait d'avoir un logement décent pour eux et leurs trois enfants. Peut-être un problème de papiers d'immigration peu en règle, ou la crainte de ne pas pouvoir retrouver un emploi en Province. Ou alors l'impossibilité de présenter les garanties requises pour pouvoir louer un appartement. De la même manière, on peut se demander pourquoi les SDF vivent dans les grandes villes où le coût des logements est le plus élevé. Pourquoi les SDF ne partent-ils pas à la campagne qui a besoin de bras, où le logement est plus accessible, où il est possible de cultiver son lopin de terre pour manger à coût modéré. Les Français ont des sabots de plomb me direz-vous? Il est vrai qu'en France on a tendance à suivre l'adage « on sait ce qu'on a, on ne sait pas ce qu'on aura ». Les personnes en situation difficile ont du mal à bouger. Pourquoi? Parce qu'elles ne sont pas sures de trouver mieux ailleurs, ou pire, elles sont sures de ne pas retrouver aussi bien... Cet immobilisme est du à deux facteurs: un certain penchant français pour la sédentarité chronique d'une part (et pour cela je reconnais que nous avons beaucoup à apprendre des anglo-saxons, et des américains en particulier), et un secteur immobilier verrouillé par un rapport de force croissant entre locataires et propriétaires. Les locataires sont de plus en plus protégés ce qui amène les propriétaires à prendre de plus en plus de garanties. Tout cela fige le marché de la location immobilière et entraine la vacance de 2.35 millions de logements en France (source INSEE). Il faut débloquer tout cela en protégeant moins les locataires et en incitant les propriétaires à louer leurs biens, quitte à instaurer une taxe sur les logements vacants. C'est donnant-donnant. La mise en circulation des logements vacants aura deux effets en plus du bien être des nouveaux locataires: faire baisser les prix et stimuler la mobilité géographique.

Le même problème se pose avec l'emploi. Comment se fait-il que des milliers d'emplois sont ouverts à Pôle Emploi (la palme revient, parait-il, aux soudeurs) sans trouver chaussure à leur pied? Comment se fait-il que des artisans se refusent à embaucher ou, pire, licencient leur personnel « pour ne plus avoir de problèmes ». Je l'ai déjà entendu. Le marché de l'emploi est lui aussi trop verrouillé et il faut encourager un renouvellement (« turn-over ») plus rapide en faisant en sorte que les entreprises puissent licencier plus facilement, et que le employés puissent retrouver plus rapidement un emploi. Là aussi, il faut que chacun joue le jeu. Il faut par exemple accepter une plus grande mobilité géographique mais limiter les CDD. C'est un peu le but de la grande négociation sociale qui a eu lieu en ce début d'hiver. Malheureusement, seuls deux syndicats ont signé l'accord (CFDT et CFTC), FO et la CGT l'ayant rejeté. Mais le gouvernement compte légiférer sur la base de cet accord.

Voilà comment une famille de cinq personnes se retrouve bloquée dans un 10 m² dans Paris. « Simplement » parce que nous avons à faire face à un blocage de deux de nos structures de base: le logement et l'emploi.

La France frileuse se fige dans une attitude attentiste probablement due à notre paysage de crise. Et plus nous nous figerons, plus nous nous enfoncerons dans la crise.

Il faut bouger pour sortir de ce cercle vicieux et débloquer logements et emplois!

 

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Commentaires
L
Logement. C'est l'histoire d'un propriétaire bailleur aux revenus modestes mais qui voudrait faire des travaux dans l'appartement hérité de ses parents pour le rendre plus salubre. Mais les locataires de ses parents y sont installés. Pour effectuer les travaux, il faudrait qu'ils aillent loger ailleurs. Mais non seulement ils ne veulent tout en se plaignant de l'insalubrité de l'appartement mais la mairie, les HLM et autres services sociaux ne peuvent évidement leur trouver un autre logement, donc pas de travaux. On tourne en rond.
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