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Le cynorhodon
10 mars 2013

L'oeuf

Prenez un œuf frais. Je parle d’un œuf de poule et pas d’un œuf d’autruche et encore moins d’un œuf de cheval.

Prenez donc un œuf frais et mettez-le au creux de votre main. Serrez progressivement et vous verrez que la coquille d’œuf qui semble si fragile est en fait extrêmement robuste à une pression appliquée uniformément. Par contre, si vous tenez à vous en mettre partout, vous verrez combien la pression locale est dangereuse pour la cohésion de l’œuf.

Notre société est bâtie un peu sur le même principe. Nous restons cohérents quand les pressions se font plus ou moins de la même manière sur toute la population. Si vous appuyez trop d’un côté ou de l’autre, vous arrivez à créer la célèbre fracture sociale, « inventée » par J. Chirac. Je ne parle pas seulement de classes de revenus mais aussi de castes de statuts, comme par exemple les fonctionnaires, les employés de grandes entreprises du secteur privé et des PME, en allant du secteur le plus protégé à celui semble l’être le moins. Pourquoi les fonctionnaires n’ont-ils pas de jour de carence en cas de maladie ? Un des arguments des syndicats de fonctionnaires et du gouvernement est qu'au final, dans le privé, ce sont les entreprises qui prennent à leur charge les jours de carence . C’est vrai pour les plus grandes d’entre elles mais je doute que les PME soient dans ce cas. De plus, cela ne coute rien au contribuable contrairement aux arrêts maladie des fonctionnaires. La loi est de trois jours de carence. Un jour aurait été le bienvenu pour montrer que l’état et ses employés sont prêts, eux aussi, à faire des efforts. Cela aurait montré une cohésion entre les différents corps de notre société.

L'autre sujet est l'imposition. Pour fait-on payer les riches? Parce qu'ils ont de l'argent, c'est bien connu... Comme je l'ai déjà dit dans un de mes blogs, je pense que les riches ont un rôle social: ils font rêver. Preuves en sont les badauds qui se promènent à Monaco ou à Saint Tropez en été en s'émerveillant devant les voitures et les yachts des milliardaires en vacances. Voir aussi les jeux télévisés qui associent systématiquement succès à argent. Verra-t-on un jour un jeu télévisé récompenser son gagnant par un cycle de conférences à la Sorbonne? Autre révélateur: le rêve américain n'est-il pas le rêve de fortune? Les riches ont donc un rôle social. Dans une société où le nivellement par la base est la règle, comme par exemple durant l'ère soviétique, le rêve n'est plus possible car il n'y a pas d'ascension envisageable. C'est un frein au développement de la personne et de la société. Encore faut-il que l'ascension soit rendue possible et que chacun ait sa chance de progresser dans l'échelle sociale, grâce entre autres à une éducation républicaine. Pour une société équilibrée, il faut donc des riches et il faut qu'ils restent dans leur pays. Pour cela, il faut donc limiter le taux d'imposition sur les classes les plus aisées. Le bouclier fiscal était une bonne chose.

Le dernier sujet est la pension des retraités. Je rentre, une fois de plus de Rome et en cette période de vacances, j'étais visiblement le seul à partir pour travailler (c'est un bien grand mot; parfois j'ai plutôt l'impression d'aller à une représentation de la « Comedia dell'arte »...). Dans les avions, vers l'Italie comme vers Londres, je remarque souvent beaucoup de jeunes retraités en pleine forme. Je suis ravi pour eux. Qu'ils aient des pensions généreuses ne me choque pas. Doit-on limiter le train de vie des retraités? D'une part, ils ont travaillé une grande partie de leur vie pour épargner leur retraite par répartition ou capitalisation. Ils n'ont plus personne à entretenir donc ils consomment et c'est bien comme ça. Par contre, le problème de l'équilibre des retraites est bien là, lié à la conjoncture de rentrées basses dues au chômage et de dépenses élevées dues au « papy boom ». Les salariés vont déjà payer en travaillant, ou plutôt en cotisant, 2 ans de plus. A une époque où les entreprises considèrent que les plus de 50 ans sont des séniors, je vois mal comment on va pouvoir augmenter encore l'age de la retraite: très peu de personnes travaillent de fait jusqu'à 67 ans. Il reste donc l'augmentation des cotisations et la limitation des pensions. Ou changer de système. Si on veut maintenir le principe de la répartition, il me semble nécessaire que chacun fasse un effort, salariés et retraités, toujours dans l'objectif de repartir uniformément la charge sur l'œuf. Une approche alternative est fondée sur le fait que la classe d'âge suivant le « papy boom » sera moins nombreuse (il faudra attendre 2035...). Ne peut-on pas envisager de lancer un emprunt d'Etat pour financer la phase actuelle qui est, me semble-t-il, particulière. Cet emprunt pourrait être remboursé une fois que l'équilibre générationnel aura été retrouvé.

Vous l'aurez compris, je suis contre la règle du 100%. Je suis contre la gratuité complète des soins médicaux. Il faut instaurer une dîme qui pourrait par exemple être de un ou deux euros pour une consultation. Je suis contre l'exonération fiscale. Je pense que chacun doit payer sa part; même s'il s'agit de quelques euros. Cela permettrait à chacun de prendre conscience de la relation directe entre l'État et l'individu et, par conséquent, de limiter les dépenses inconsidérées. Combien de fois ai-je entendu dire: « l'État n'a qu'à payer » sans que râleur ne se rende compte que l'argent de l'État, c'est son propre argent. Les solutions qui consolideront les bases de notre société seront celles qui feront appel à une répartition homogène des pressions.

PS: une autre façon d'assurer la résistance et la cohésion de l'œuf est de le faire durcir. On appelle cela la dictature.

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