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Le cynorhodon
2 mai 2013

Croissance

 

Dans le magma des informations qui arrivent à nos sens, le lobby politico-médiatique s’agite autour de la croissance en nous la servant à toutes les sauces et en nous la vendant comme la panacée aux maux qui nous affectent depuis la crise financière de 2008.

Je me pose beaucoup de questions à ce sujet, depuis la définition de la croissance jusqu’à une question quasi philosophique : la croissance peut-elle être infinie ? Je me suis alors plongé dans le web et, n’étant pas économiste, j’ai fait appel à mon bon sens paysan. Les professeurs d’économie qui me feront l’honneur de me lire pourront commenter.

D’abord la définition : la croissance est la variation relative du Produit Intérieur Brut (PIB), corrigée de l’inflation, donc en monnaie constante. Il est à noter qu’il s’agit du PIB et non du PIB par habitant, souvent utilisé pour définir le niveau de vie. En conséquence, si la croissance est nulle mais que la population augmente, le niveau de vie baisse. Pour maintenir notre niveau de vie en France, il faudrait donc que la croissance soit au minimum de 0.5%, soit notre croissance démographique.

Quelles sont les sources de croissance ? En regardant la nature, on peut constater que la croissance est liée à l’apport l’éléments extérieurs : une plante a besoin des ressources du sol (eau et sels minéraux) et de l’énergie solaire pour croître. Je pensais alors qu’il en est de même pour un pays : il faut soit avoir recours à ses ressources naturelles, soit bénéficier d’un apport de devises étrangères pour croître. Mais à y regarder de plus près, la PIB est défini comme l’ensemble des valeurs ajoutées à l’intérieur d’un pays.  J’imagine que cela inclut non seulement les ressources naturelles et l’afflux de devises étrangères (tourisme et exportations) mais aussi la valeur ajoutée des services, comme les artisans, les professions libérales et les fonctionnaires. Donc, a contrario de la nature, la croissance pourrait être le fruit d’une activité purement interne ? Autrement dit, un pays peut-il prospérer en autarcie ? En théorie oui, mais en pratique l’amenuisement des ressources naturelles introduit la nécessité du commerce. Les premiers hommes vivaient en autarcie mais étaient obligés de se déplacer régulièrement après avoir épuisé les ressources locales. C’est d’ailleurs  ce qui a amené les hommes africains à migrer vers l’Europe et l’Asie. Plus près de nous, la période des grandes guerres a probablement été suscitée par la recherche de ressources accrues pour satisfaire les besoins d’une population grandissante. Mais je m’égaie dans des circonvolutions plus ou moins hors sujet. La croissance peut donc être intérieure dans une certaine limite, donc.

Je suis alors demandé comment on peut prospérer en tablant sur des processus internes. Je pense que cela repose sur la circulation des capitaux. Des capitaux immobiles ne rapportent que peu alors que des capitaux qui circulent entrent en ligne de compte dans le PIB, non ?  Par exemple, prenez un agriculteur et un maçon. Si l’agriculteur stocke sa production en craignant que l’hiver soit rude ou que la famine sévisse ou en espérant la vendre plus tard plus cher, et si le maçon construit une maison dans le but de la louer plus tard, il n’y a pas d’échanges ni d’augmentation du niveau de vie de l’un ni de l’autre. Si par contre l’agriculteur demande au maçon de lui construire un hangar contre de la nourriture, leur niveau de vie augmente puisque l’un aura un bien immobilier en plus et l’autre pourra manger à sa faim durant l’hiver. Mais ils seront plus exposés en cas de crise, n’ayant plus leur capital. On voit donc apparaitre un cercle vicieux : plus la crise s’enracine, plus les gens sont prudents, y compris les banques, et moins ils font circuler les capitaux, générant une paupérisation. La reprise de la croissance passe donc par un regain de confiance pour libérer les capitaux et les faire circuler. Plus facile à écrire qu’à faire, compte tenu que cela repose sur des mécanismes plus ou moins psychologiques. A noter que la croissance pourrait être aussi accélérée par l’injection de capitaux issus de la « planche à billet » qui permettraient des investissements étatiques dans des domaines prometteurs, et le remboursement d’une partie de notre dette abyssale. L’euro serait dévalué. Et alors ? On exporterait plus facilement et on importerait moins de la zone hors euro ! Tout cela va à l’encontre de la rigueur et de l’austérité prônées par l’Europe. Les socialistes grecs, espagnols, portugais et italiens auraient-ils raison ?

Dernier volet : la croissance peut-elle être infinie ? Bien sûr que non, si on raisonne à ressource naturelle finie (énergie, minerais et sols agricoles). La courbe ci-dessous donnerait la croissance mondiale sur un millénaire, comparée à la population. Si cette courbe est valide, on voit deux croissances exponentielles et le PIB par habitant augmente le plus vite, ce qui dénote un enrichissement global de l’humanité.

 

croissance mondiale

La croissance pose également le problème de l’écologie au sens large et de l’équilibre entre l’espèce humaine et son environnement compte tenu que nous puisons toujours plus dans nos réserves naturelles. Nous ne pourrons donc certainement pas nous déplacer sur la courbe telle que ci-dessus pendant très longtemps. La croissance est donc une bonne chose mais à consommer avec modération et si nous n’anticipons pas les effets de la croissance démographique, nous risquons de le payer cher : migrations massives, voire guerres Nord-Sud, baisse de notre niveau de vie, effondrement de nos systèmes et modèles actuels. Pour maitriser notre niveau de vie, nous devons donc maitriser notre démographie tout en garantissant une croissance raisonnable. On peut donc se poser la question du bienfondé des politiques natalistes tant qu’on ne saura pas nourrir correctement les 7 Milliards d’humains.

Si j’ai bien compris, la croissance passe donc par un rétablissement de la confiance des investisseurs de tout poil pour faire circuler les capitaux. La rigueur est quelque part antagoniste à ce principe en figeant les échanges par la peur du lendemain. Il serait préférable de dévaluer l’euro en faisant marcher la planche à billets pour doper notre consommation intérieure, rembourser une partie de nos dettes, limiter nos importations et favoriser nos exportations (effet similaire à la TVA sociale). Pour maintenir notre niveau de vie, il faut maitriser notre croissance démographique. Dans ce but, la limitation des allocations familiales à partir de 3 enfants  permettrait de faire des économies tout en réduisant certains problèmes liés à l’immigration. Mais le contrôle des dépenses de l’état reste un point important qui ne doit pas être oublié. Un budget à l’équilibre est probablement une des conditions de la stabilisation de notre dette. Malheureusement, pour mettre en place tout cela, il faudrait un consensus dans la zone euro. On en est loin et cela pourrait aboutir à l’explosion du système monétaire actuel si la crise persiste et si les opinions sur le sujet continuent de diverger, notamment dans l’axe franco-allemand. La question du maintien de l’Euro est posée.

 

 

 

 

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Commentaires
L
Les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel..;;;;
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