Misères
Depuis que Dieu nous a abandonnés, nous avons inventé le progrès technique et le progrès social, mais nous sommes toujours dans une grande misère, d’ailleurs parfois induite par ce même progrès.
Misère matérielle d’abord. Il n’est pas nécessaire d’aller dans des pays sous-développés pour voir la misère matérielle. Il suffit de sortir de chez soi. Le nombre de SDF dans les grandes villes – en tout cas la nôtre – semble ne cesser d’augmenter. Entre les personnes souffrant de troubles psychiques, les paumés et les camés, les migrants laissés sur le bord de la route, comme les roms, et les routards à la fin de mois difficile, les causes ne manquent pas à la misère matérielle, sans compter les gens qui ont un toit mais qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et encore, nous sommes en Europe et je ne parle pas du plus grand dénuement des populations des pays sous-développés qui en viennent à tenter le tout pour le tout pour migrer, parfois avec une fin tragique.
Misère spirituelle ensuite. Depuis que l’enseignement religieux n’est plus en vogue, bon nombre de personnes ne savent même pas ce que peut être une religion. Certains ressentent la foi tardivement et se font une éducation religieuse en conséquence mais c’est, je crois, relativement rare. Il est important que nos jeunes sachent que la religion et la foi existent et qu’ils puissent faire par la suite un choix en connaissance de cause il est important qu’ils sachent que Dieu n’est pas un vieillard barbu, que ce n’est pas le père Noël et que la religion n’est pas nécessairement un extrémisme. Comme je l’ai déjà dit dans ces pages, la foi est une force qui permet de surmonter les pires difficultés.
La misère culturelle vient ensuite. Elle est différente de la précédente bien que connexe. Quand je vois le français moyen absorbé par les jeux vidéo, les séries « à deux balles », la télé réalité, le 20 h sur TF1, leur téléphone portable et le jeu débile mais obsessionnel qu’est « candy crush », je me sens vieux con accroché à ses idéaux dépassés. Pourtant des efforts sont faits pour rendre la culture accessible à tous et il en est très bien ainsi. Les mesures se développent pour ouvrir les grands musées, voire de les délocaliser en partie comme le Louvre. Mais la culture devient un bien de consommation de masse. Voir la Joconde est un « must », prendre des photos de tableaux qu’on ne regardera plus jamais est une obligation qui empêche de vivre l’émotion suscitée par l’art et écouter Stéphane Bern revient à un cours d’histoire géopolitique. Combien de gens retirent réellement quelque chose de la culture qu’on nous donne à becqueter comme à des oisillons encore aveugles ?
Misère politique ensuite. Les problèmes générés par nos besoins grandissant en ressources de toutes sortes nous font intervenir dans le pays dits du Sud. L’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan et la Syrie sont à feu et à sang et nous, occidentaux, avons le plus grand mal à réparer ce que nous avons cassé ou suscité. Les déséquilibres politiques et la pauvreté matérielle entraine une migration à tout prix. Lamdepusa : 300 morts parmi les candidats à l’Eldorado européen. Peut-on accepter cela ? Coté politique intérieure, nos dirigeants ne pensent qu’à se faire réélire, ce qui les empêche d’avoir une vision globale et à long terme des problèmes qui affectent notre société. Le manque de courage de nos politiques fait que nous nous complaisons dans un état de crises cycliques atténuées par des emplâtres peu efficaces. Marx aurait-il raison ? D’ailleurs, nous avons eu de grands hommes (et femmes) durant la seconde moitié du 20ième siècle mais je n’en ai pas réellement vu depuis lors. Peut-être faut-il attendre que l’histoire juge avec recul les évènements actuels pour identifier l’action de l’un ou de l’autre.
Misère sexuelle enfin. Quand je vois les « belles » de jour trainer dans notre quartier, je me dis qu’il faut vraiment être dans un état de grande misère sexuelle pour aller fricoter avec ces créatures dont la grossièreté physique et vestimentaire n’a d’égal que leur comportement avec toute personne qui peut leur rapporter un peu d’argent. Le problème vient d’une sanisette, installée sur une placette, qui sert de maison de passe. C’est sordide et imaginer ce qui peut se passer la dedans me donne la nausée.
En latin, « miserere » ne veut pas dire « misère » mais « avoir pitié » et en effet, pour ce qui est de la misère matérielle, j’oscille entre une attitude qui revient à me mettre la tête sous le sable en me disant qu’on ne peut pas subvenir à toute la misère du monde, et une attitude plus proche de mon éducation chrétienne faite de compassion et d’aide. Pour ce qui est des autres types de misères citées plus haut, les gens ont leur avenir entre les mains. Ils peuvent encore réagir, mais ils sont les seuls à pouvoir améliorer leur sort.