Comment ne pas y avoir pensé plus tôt?

Alors que je réparai le vélo de ma chère épouse, je me disais que l'objet est une invention géniale. C'est de conception simple, d'entretien accessible à tout péquin, c'est pratique et on peut y agiter ses muscles après les fêtes de fin d'année. C'est tellement génial que le vélo est sans doute le moyen de locomotion le plus usité de par le monde (hors la marche…). En effet, plus de 130 millions de vélos sont produits par an, soit plus de deux fois la production d'automobiles (52 millions). C'est un moyen de transport peu onéreux et privilégié soit des populations des pays en développement, soit des citadins.

On en a même fait un sport. Même si, pour les professionnels, ce n'est plus vraiment un sport, mais plutôt un laboratoire de biotechnologie avec expérimentation in vivo, le vélo est le sport le plus pratiqué en France, le plus populaire également. Le succès du Tour de France en est une preuve.

Mais alors comment ne pas avoir pensé à ce concept génial plus tôt? En effet, bien que le vélo ne fasse appel à aucune technologie récente, il n'a été inventé que récemment. Le vélo est basé sur la roue (connue, disons depuis "un certain temps"), sur des engrenages, eux-mêmes connus depuis Archimède, et une chaine, inventée par Léonard de Vinci (XV^ème siècle). Et pourtant, la première draisienne date de 1817. A cette époque, il n'était pas encore question de pédales mais seulement d'un cadre et de deux roues, la propulsion s'effectuant en poussant avec les pieds. Les premières pédales apparaissent en 1865, insérées dans le moyeu de la roue avant. Et ce n'est qu'en 1885 que le pédalier avec chaine apparait. Le vélo moderne n'a donc que 130 ans, à peine 10 ans de plus que la première automobile, alors qu'il est d'une simplicité, non pas biblique car la Bible est très compliquée, mais enfantine.

Alors pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt? Une des premières causes est peut-être la difficulté d'imaginer qu'on puisse se mouvoir en équilibre sur deux roues. Il est vrai que la chose n'est pas facile au premier abord: je me souviens encore de mon rendez-vous chez le dentiste après mes premiers tours de pédales… Mais pourtant la physique est simple: plus la vitesse est élevée, plus la vitesse transverse nécessaire pour perdre l'équilibre doit être élevée. On voit donc qu'à l'arrêt, il suffit seulement d'un petit mouvement transverse pour perdre l'équilibre et que, plus on va vite, plus on est stable. De brillants savants comme Isaac Newton (XVIIème siècle) aurait pu aisément expliquer et anticiper cela. D'autre part, il aurait été possible d'inventer le quadricycle, intuitivement plus stable! L'équilibre sur deux roues n'est donc pas la cause de l'invention tardive.

Alors de deux choses l'une: soit les humains n'en avaient pas besoin, le cheval suffisant, soit j'oublie que les XIXème et  XXème siècles a été les siècles de tous les progrès. En 120 ans, nous avons vu naitre non seulement le vélo mais aussi l'automobile, l'électricité domestique, le téléphone, la radio, la télévision, la micro-informatique et le petit dernier: la téléphone portable qui a, rappelons-le, vu sa première expérimentation il y a seulement 20 ans. A qui le tour?

Le vélo n'est donc peut-être pas une invention si tardive; nous oublions seulement que le monde dans lequel le vélo a été inventé n'avait rien à voir avec notre monde actuel!

Comments

[Yves]

J'aime bien l'allusion chez les professionnel d'expérimentation "in vivo" : EPO, Amphètamines, ... etc... de Pantani à Armstrong en passant par tous les autres...

[rerollea]

Je pense que deux éléments majeurs de contribution au succès du vélo sont les pneumatiques et la qualité de la chaussée