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Le cynorhodon
11 mai 2015

Les petits rapporteurs

Le terme de « reporter », qui est un mot élégant pour désigner les journalistes de tout poil, vient probablement d’un terme anglais lui-même issu du verbe « to report » qui veut dire « faire un rapport ». Quand on dit qu’on va faire un rapport, il est sous-tendu qu’un état des faits objectif va être présenté. Le terme est notamment utilisé dans l’Armée pour définir les informations fournies par les subalternes à leurs chefs afin qu’ils puissent objectivement évaluer une situation.

Chaque fois que je regarde un journal télévisé ou que j’écoute une émission à la radio, je me dis que le terme de « reporter » est définitivement dévoyé.

En effet, les journaleux se croient systématiquement dans l’obligation de donner leur opinion alors qu’on ne leur demande que de relater les faits. Preuve en est que, dans la presse écrite, on ne trouve quasiment plus de journaux ou hebdos sans couleur politique. Chacun y va de son commentaire en essayant de démontrer, non sans un certain prosélytisme, qu’il a raison. Mais sachez, Messieurs les journaleux, que votre avis n’intéresse personne et que nous sommes assez grands pour nous forger nous-mêmes nos opinions. Je pense que les reporters le savent bien mais que dans leur superbe et leur orgueil, ils pensent pouvoir infléchir l’opinion publique par le verbe ou par l’image. Tout le monde n’est pas Zola et nous n’avons pas d’affaire Dreyfus tous les ans, heureusement. En conséquence de la rareté des affaires nécessitant un réel contre-pouvoir, les journaleux sont donc désespérément à la recherche du scoop qui les fera connaitre, quitte à monter en épingle des affaires minables. Certains en ont d’ailleurs fait les frais, non qu’ils aient été innocents mais plutôt que leur faute a été mise en exergue par une meute de scribouillards assoiffés de sang. C’est la nouvelle guillotine, la mise à mort médiatique.

Bref, les journalistes ne sont pas objectifs et cherchent à faire penser comme eux  car ils se pensent au-dessus de la mêlée.  Comme je l’ai dit plus haut, on peut identifier ceux qui disent ce qu’ils pensent. Même si on n’en a rien à faire, au moins c’est clair. Mais il y a plus insidieux : ceux qui cherchent à influencer sans en avoir l’air par des images ou des sons qui frappent et restent sans commentaires, mais qui dirigent vers une certaine pensée. D’ailleurs, avez-vous remarqué une mutation de la publicité dans certains magazines: on trouve des pages dont on pourrait croire que c’est un reportage et dont seul un encart en petits caractères gris clair en haut à droite mentionne que c’est une publicité (appelée « publi-reportage »). De l’autre côté de cette frontière ténue, on trouve le « reportage-publicité » qui inculque des idées sans vouloir en avoir l’air. Dans ce cas, on ne parle plus de reportage mais de communication.

Comme je l’ai déjà dit dans un de mes blogs (je commence à me répéter ; il va falloir que je renouvelle mes idées !), le pire de tout est probablement le journalisme qui parle du journalisme comme en période de prise d’otage dans les pays sensibles, ou encore la TV qui parle de la TV, comme une grande orgie incestueuse. La TV est devenue totalement autonome, elle n’a plus besoin d’apport extérieur pour vivre : ce qui se passe à la TV est suffisant (voir l’émission « touche pas à mon poste »).

Si vous voulez voir autre chose, des informations factuelles et ouvertes sur le monde, regardez Arte tous les soirs à 19h45. Mais vous n’y trouverez pas les dernières nouvelles du « royal baby » avant  le séisme au Népal !

Petit_rapporteur

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