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Le cynorhodon
29 septembre 2012

Le neutrino italien

Voilà environ un an, un équipe italienne a annoncé avoir identifié une particule, un neutrino, dont la vitesse est supérieure à celle de la lumière. Coup de semonce dans le landernau de la science fondamentale.

Pourquoi? Cette découverte a ébranlé l'establishment scientifique car, en effet, la lumière est considérée depuis le début du 20ième siècle comme l'élément théoriquement le plus rapide. C'est une constante universelle qui sert dans beaucoup de domaines de la science fondamentale comme appliquée. Remettre en cause que la lumière est l'élément le plus véloce revient à remettre en cause théorie de la relativité élaborée par Albert Einstein. C'est dire si l'émoi fût grand à l'annonce de la nouvelle.

Conscients de l'impact que pourrait avoir cette découverte, les scientifiques italiens avaient pourtant vérifié au préalable leurs mesures plusieurs fois, mis en place une équipe d'expertise pour analyser les résultats et vérifier leurs moyens de test. Tout résistait à la controverse et les résultats ont été confirmés. Les équipes du monde entier ont alors commencé à analyser les impacts potentiels de cette découverte sur nos théories actuelles. Il faut préciser que la possible remise en cause de la théorie de la relativité impacte par exemple l'astrophysique et les explications qui en découlent sur la formation de l'univers. Une paille, donc.

On commençait à accepter la chose quand une vérification de routine du moyen utilisé pour la « découverte » a montré que la mesure était entachée d'une erreur importante à cause... d'un câble mal connecté et d'une horloge qui dérive (pour les non initiés, c'est un phénomène très classique). Ridicule.

Mais je me sens moins seul quand je regarde, non sans lassitude, les dix ans que j'ai passés à essayer de faire fabriquer à une autre équipe italienne un laser qui ne verra peut-être jamais le jour pour des raisons d'incompétence similaire à la lamentable affaire du neutrino ultra-véloce: manque de rigueur dans la préparation des tests, négligences dans les vérifications, problèmes récurrents de coordination et de management, manque de traçabilité dans les process utilisés et insoutenable légèreté de l'Être.

On devrait leur laisser faire ce qu'ils font le mieux: le design, les pizzas et les pâtes. A la rigueur les voitures.

Désolé pour Galilée.

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