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Le cynorhodon
26 juillet 2015

Densifier les villes

Je reviens une nouvelle fois, et de manière obsessionnelle, sur les encombrements du matin. Je ne veux pas m'étaler sur ma phase de réveil mais plutôt sur les véhicules qui s'entassent sur des axes routiers bondés. Enervement, accidents, pollution, perte de temps et de productivité sont les conséquences de ce problème récurrent et commun à toutes les grandes villes.

Engoncé dans mon bus, lui aussi bondé car la société de transport a eu la bonne idée de réduire leur fréquence par deux durant les vacances alors que les français partent beaucoup moins en congés, sauf les chauffeurs de bus eux-mêmes probablement. Engoncé dans mon bus, donc, je me demandais pourquoi une telle perte d'énergie dans les bouchons du matin. Les français prennent leur voiture le matin parce qu'ils habitent loin de leur travail, que les transports en commun ne desservent pas l'ensemble de la conurbation et qu'ils ont probablement besoin d'aller chercher leurs gamins à l'école après le boulot. Pourquoi aller habiter aussi loin de son travail? Parce que les logements sont rares et donc chers, particulièrement dans les zones proches des centres économiques et des  lignes de transport des grands villes.

La solution est donc immédiate: il faut densifier les villes. Ce n'est pas une idée nouvelle tant elle s'impose comme une évidence. Elle a été relancée récemment par C. Duflot. Ce n'est pas que j'aie des atomes crochus avec cette personne, surtout dans le domaine du nucléaire et du développement durable (un développement ne peut pas être infini), mais l'approche vaut la peine de s'y intéresser. Les avantages sont clairs: réduction des temps de trajet, optimisation des réseaux de communication et de transport en commun, épargne des terres arables, réduction des dépenses d'aménagement (routes, acheminement des égouts, eaux et électricité dans les nouveaux lotissements), gain de productivité et de temps pour les loisirs.

Alors pourquoi cette idée n'est-elle pas appliquée? Tout d'abord, beaucoup de Français aspirent à avoir leur maison. Pour avoir un coin de jardin et pour ne pas subir les voisins. Cette tendance a entrainé la baisse du nombre de résidences secondaires. Donc moins de trajet. Ce qui fait dire que le principe des lotissements en banlieue n'est pas nécessairement un mal par rapport à notre consommation énergétique car il n'est plus nécessaire de nous mouvoir chaque week-end pour aller prendre l'air. D'un autre côté, quand je constate la proximité des maisons dans les lotissements récents, je me demande s'il existe un réel intérêt à avoir une maison. Question de gout (et d'odorat et d'ouïe, d'ailleurs).

Un autre argument contre la verticalisation des villes est le contre-exemple des tours dans les banlieues construites dans les années 60-70. La dégradation est allée de pair avec l'insécurité. Les contre-arguments s'appellent: Monaco, la Défense, Shanghai, Manhattan, Singapour, etc. Les tours ne sont systématiquement synonymes de dégradation de l'environnement, c'est une question de moyens et de qualité de construction. Les normes de construction dans les immeubles ont évolué de manière telle qu'il est maintenant difficile de savoir si ses voisins sont présents. J'en veux pour preuve le silence qui peut régner dans les tours d'hôtels un tant soit peu haut de gamme. Nous avons donc les moyens techniques de construire des tours agréables à vivre.

Mais en a-t-on la volonté politique? Convertir notre approche de développement horizontal en une verticalisation nécessite des investissements importants: destruction des sites actuels, relogement et construction de tours, amélioration des transports en commun, modification des capacités d'approvisionnement en eau, électricité, des égouts et développement d'une stratégie "externalisée" pour les parkings. Ce n'est pas vraiment le moment d'investir dans ce secteur: nous avons à éponger la dette grecque. Par ailleurs, la densification des villes impacterait nécessairement le marché immobilier: augmentation de l'offre donc baisse des prix en centre-ville, dévalorisation des terrains constructibles en dehors des villes. Je doute que tous les impétrants adhèrent.

De toute manière, et là encore, il est nécessaire de mener notre petite révolution culturelle. Ce ne se fera probablement que sur plusieurs générations, à moins qu'un besoin impérieux ne se fasse jour.

Ci-dessous, un magnifique exemple de verticalisation récente avec Singapour. Sur la première photo, on voit encore l'ancien habitat cohabiter avec le nouveau.

singapour_skyline 1

singapour_skyline 2

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